Une sélection d’œuvres vidéo de la collection du Frac des Pays de la Loire (France) est proposée par Margaux Brun, chargée de médiation, dans le cadre d’un cycle de projections les 24 et 31 octobre 2014 et les 7 et 14 novembre 2014, de 19h30 à 20h30 au centre culturel OUADADA.
Ce cycle de projections intègre le projet pédagogique Un art du geste, réalisé dans le cadre d’un partenariat avec le Frac des Pays de la Loire.
Plus d’informations : lesmainsinvisibles.blogspot.com
Contact : Margaux Brun – mrgx.brun@gmail.com
A propos du Frac des Pays de la Loire
Entre 1981 et 1983, dans le cadre de la politique de décentralisation culturelle, les Fonds régionaux d’art contemporain (Frac) sont créés dans chaque Région de France. Ces structures sont des associations financées à parité par l’État et la Région.
C’est dans ce contexte en 1982 que le Frac des Pays de la Loire voit le jour. Il a pour mission de constituer une collection internationale, d’organiser des expositions sur le territoire régional, de sensibiliser le public à l’art d’aujourd’hui pour participer au développement, à la diffusion et à la connaissance de la création contemporaine.
Après avoir occupé l’Abbaye Royale de Fontevraud où les premiers Ateliers Internationaux sont organisés dès 1984, le Frac est accueilli en 1988 dans la villa néo-classique de la Garenne-Lemot à Clisson. En 1994, le Frac s’installe temporairement à Nantes dans un ancien entrepôt aménagé et la Ville de Saint-Nazaire accueille dans le même temps les Ateliers Internationaux.
En 2000, le Frac déménage à Carquefou, dans l’agglomération nantaise. Pour la première fois, une Région installe son Frac dans un bâtiment spécialement créé pour répondre aux exigences de ses missions. Situé dans un environnement privilégié au coeur d’une clairière bordée de sentiers de randonnée, il bénéficie d’un agréable contexte naturel.
Le Frac des Pays de la Loire est subventionné par le Ministère de la Culture et de la Communication, Direction régionale des affaires culturelles des Pays de la Loire, et la Région des Pays de la Loire.
Les œuvres vidéo à découvrir…
Vendredi 24 octobre 2014 de 19h30 à 20h30
Fischli & Weiss, Der Lauf der Dinge (Le Cours des choses), 1986-87
Vidéo en couleur, sonore, 16 mm
Durée : 30’
Collection du Frac des Pays de la Loire
Peter Fischli et David Weiss sont nés à Zurich, respectivement en 1952 et 1946. Ils vivent en Suisse. Après des études d’art (à Bologne pour le premier, à Zurich, en sculpture, pour le second), ils décident à partir de 1979 d’élaborer une œuvre commune. Une œuvre qui s’inspire de l’esthétique dite « populaire », à travers laquelle ils réinterprètent le quotidien entre amusement et désabusement.
Le Cours des choses est une œuvre singulière, le film est un corollaire, une suite naturelle d’accidents scientifiquement organisée ; un ballon se gonfle, une roue roule, une casserole s’enflamme… Il est aussi l’expression du principe de causalité qui consiste à affirmer que rien n’arrive sans cause. Ainsi va le cours des choses : elles tombent, se retournent, prennent feu, explosent par simple contact ou rencontre. Fischli et Weiss ont la gravité des enfants qui empilent des cubes les uns sur les autres jusqu’à ce qu’ils vacillent. Ils s’emploient à déconstruire le monde, pour nous inviter à le construire de nouveau, à le rêver. Le succès de ce film est donc à chercher dans ses multiples entrées : dans son caractère poétique à l’accent drolatique, et surtout métaphysique.
Vendredi 31 octobre 2014 de 19h30 à 20h30
Pierrick Sorin, Réveils, 1988
Vidéo, Betacam SP Pal, couleur, son transféré sous format numérique
Durée : 5′
Collection du Frac des Pays de la Loire
Pierrick Sorin est né en 1960 à Nantes, où il vit.
Après des études à l’école des Beaux Arts de Nantes, Pierrick Sorin réalise, à partir de 1988 des autofilmages, tels Réveils. Pierrick Sorin est intéressé par le banal, le quotidien. Il se moque, sur un mode burlesque, de l’existence humaine et interroge la création artistique. La question de la représentation est mise en valeur par ces autofilmages où il est l’unique acteur des histoires qu’il invente. Enfant de Méliès, il crée des vidéos truffées d’ingénieux bricolages visuels.
Pierrick Sorin se filme, chaque matin, pendant un mois, au moment même où il est réveillé par son poste de radio. A chaque fois, il prend la caméra à témoin et déclare qu’il se sent fatigué, qu’il faut vraiment qu’il se couche plus tôt… Apparemment, son intention n’est jamais mise à exécution car on le retrouve chaque jour aussi fatigué. Le film est ici utilisé comme l’outil d’un simple constat sur ces petits échecs du quotidien que tout le monde connaît. La répétition des « réveils » crée un effet comique derrière lequel transparaît un drame plus profond : celui d’une incapacité à appréhender correctement une relation au monde. Il expose ainsi l’homme dans sa faiblesse et sa fragilité.
Vendredi 31 octobre 2014 de 19h30 à 20h30
Song Dong, Jump, 1999
Vidéo couleur numérique,
Durée : 15’48’’
Edition : 2/12
Song Dong est né en 1966 à Pékin en Chine où il vit aujourd’hui. En 1989, il obtient son diplôme de peintre au département des Beaux-arts de l’université de Pékin. Il fait alors partie d’une génération d’artistes chinois qui émerge au début des années 90, dans un climat politique peu enclin à la liberté d’expression. La situation politique et financière de l’artiste dans ce contexte a encouragé Song Dong à la réalisation d’une œuvre méditative et solitaire. Dans ses performances, photographies, vidéos et installations, l’instable et l’éphémère occupent une place de premier plan.
Jump est une performance durant laquelle l’artiste, sans motif apparent, saute devant La Cité Interdite de Pékin, au milieu d’une foule parfaitement indifférente. Cette performance révèle l’importance accordée aux performances physiques et mentales. Jump dans son absurdité Taoïste trouve ses racines dans le proverbe chinois traditionnel : «Saute… aucune raison de sauter… aucune raison de sauter. » Dans cette action Song rappelle la tradition mais aussi l’histoire des performances d’avant-garde. Il met en lumière un aspect du quotidien chinois urbain et des questions liées au statut et à la visibilité de l’art et de la culture dans le monde actuel.
Vendredi 31 octobre 2014 de 19h30 à 20h30
Laurent Tixador & Abraham Poincheval, L’inconnu des grands horizons, 2002
Vidéo, couleur, son
Durée : 24’30 »
Collection du Frac des Pays de la Loire
Laurent Tixador est né en 1972 à Alençon, il vit à Marseille. Abraham Poincheval est né en 1965 à Colmar, il vit à Nantes.
« À la question de savoir si nous nous sentons proches des artistes du Land Art parce que nos travaux répondent aux deux critères qui le définissent généralement : être en milieu naturel et intervenir sur l’espace, nous répondons immédiatement : non (…). Notre atelier se situe dans la nature mais ce que nous souhaitons, c’est tout simplement nous transposer dans des situations aventureuses. » Chaque expérience artistique du duo pourrait débuter ainsi, par une courte phrase, qui précède souvent les jeux des enfants : « On dirait que… ». Comme un énoncé nécessaire, un postulat de départ qui tenterait de fixer les règles ou le cadre avant que l’Histoire ne se mette en marche, régie par les hasards et les aléas extérieurs. En l’occurrence, l’histoire est souvent celle d’une aventure à vivre : tantôt un itinéraire aux moyens de déplacements ou aux trajectoires peu communs, tantôt un campement au contexte décalé.
L’ensemble des trois œuvres réunies par le Frac rend compte de leurs diverses performances sur le terrain. L’Inconnu des grands horizons : une virée lors de laquelle les artistes ont marché de Nantes à Caen puis de Caen à Metz en ligne droite avec pour seul moyen d’orientation une boussole ; Total Symbiose 2 : séjour en autarcie au beau milieu d’une prairie de Dordogne, dans des igloos de terre construits par eux-mêmes ; Killingusap Avataani : le lancement d’un faux iceberg télécommandé à Illulisat, Disco Bay, Groenland.
Vendredi 7 novembre 2014 de 19h30 à 20h30
Régis Perray est un artiste nantais né en 1970. Dès ses études aux Beaux-arts de Nantes, il s’est investi dans une pratique rigoureuse et constante. Son travail puise dans son histoire personnelle et se construit dans une quête quasi obsessionnelle de la propreté.
En intervenant sur des sols négligés ou abandonnés, Régis Perray redécouvre et redonne vie à des espaces et des matières oubliés. Les sols, reliés à une ou des histoires, à un vécu personnel ou collectif, jouent, selon l’artiste, un rôle fondamental dans notre rapport au monde. Dans leur diversité matérielle, spatiale et référentielle, les sols définissent à eux seuls des territoires liés à des comportements : terre, herbe, béton, goudron, dalles, pavés, carrelage, parquet… sont autant de matières qui constituent ou témoignent d’espaces de vie, d’absence, de transformation et qui révèlent une organisation sociale des territoires.
Régis Perray, Patinage artistique au musée des Beaux-arts de Nantes, 2000
Vidéo, couleur, son
Durée : 17′
Collection du Frac des Pays de la Loire
Cette vidéo nous montre l’artiste, les pieds nus sur des rectangles de laine qui arpente les couloirs du musée des Beaux-arts de Nantes. C’est lors d’une résidence d’artiste en 2000 que l’artiste se livre tous les jours durant deux mois à un patinage en règle dans les salles du Musée. Le frottement du tissu, la pression du corps et sa chaleur, font briller naturellement les fibres de bois. L’artiste entretient ainsi une partie du sol.
L’œuvre de Régis Perray constitue un véritable dialogue avec l’architecture du musée qui lui permet d’être présent dans toutes les salles et pas seulement celles réservées à l’Art contemporain. Ce patinage dans les moindres recoins est un voyage pour le moins original dans l’histoire de l’Art.
Régis Perray, Les plus beaux pavés du quai Saint-Félix, 2002
Vidéo, couleur, son
Durée : 10′ 30 »
Collection du Frac des Pays de la Loire
Lorsque Régis Perray passe une éponge humide sur les pavés du quartier Saint-Félix à Nantes, il traduit cette volonté de rendre visible ce qui a été oublié, ce que l’on ne voit plus parce que trop familier ou ce qui n’apparait que de façon éphémère. Ceux-ci retrouvent leur couleur et leur éclat, l’espace d’un instant ; le soleil qui accentue d’abord le « réveil », l’éclat du sol, lui redonne ensuite une teinte terne en faisant sécher l’eau. Le geste dans son efficacité éphémère questionne la responsabilité de chacun de se positionner dans l’action ou l’inaction. Sans jugement, le travail de Régis Perray cherche à faire prendre conscience ou du moins à interroger deux modes de vie : vivre passivement dans l’ignorance du monde ou au contraire agir, participer au déroulement des choses pour les faire siennes.
Vendredi 14 novembre 2014 de 19h30 à 20h30
Lili Dujourie, Koraal
de la série Vidéo 1972-1981, Édition de tête, 2/6
Vidéo sur moniteur, noir et blanc, muet
Collection du Frac des Pays de la Loire
Lili Dujourie, Passion de l’été pour l’hiver
de la série Vidéo 1972-1981, Édition de tête, 2/6
Vidéo sur moniteur, noir et blanc, muet
Collection du Frac des Pays de la Loire
Lili Dujourie, Spiegel
de la série Vidéo 1972-1981, Édition de tête, 2/6
Vidéo sur moniteur, noir et blanc, muet
Collection du Frac des Pays de la Loire
Lili Dujourie est née en 1941 à Gand où elle vit (Belgique).
Ces trois films appartiennent à une collection qui compile les premiers travaux de l’artiste, une œuvre principalement développée par la suite sous forme de collages et de sculptures. Entre 1970 et 1980, son rapport au nouveau médium vidéo établit les conditions d’une pratique plus qu’une forme. L’artiste expérimente diverses modalités d’enregistrement direct, sans coupes, de scènes où elle s’expose longuement dans des cadrages simples. Si la présence de ce corps en lent mouvement renvoie à certaines pratiques chorégraphiques ou performatives, c’est davantage d’une tradition d’un cinéma de la captation en temps réel dont semble relever l’ensemble.
Le projet Un art du geste a reçu le soutien de la Ville de Nantes et l’Institut Français de Paris, de Nantes Métropole, du Conseil Général de Loire-Atlantique. Ils ont été accompagnés dans leur production par l’association ON TIME (Nantes) et diffusés en collaboration avec le Centre culturel, artistique et touristique OUADADA (Porto Novo). Le projet Un art du geste a été réalisé dans le cadre d’un partenariat avec le Frac des Pays de la Loire.