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Ateliers d’Artistes associés à la session 2012 des Ateliers Ouest Africains d’urbanisme de Porto-novo

  • par
Atelier d'artistes zount
Date : 25 juillet 2012
Heure : 0 h 00 min - 0 h 00 min
Atelier

Cycle d’art contemporain

« Porto-Novo : mutations urbaines et nouvelles figures du sacré »

Thème proposé aux artistes associés à la session 2012

des Ateliers Ouest Africains d’Urbanisme de Porto-Novo

« Quel avenir pour les vallons humides de Zounvi, de Donoukin et du Boué, espaces naturels menacés au cœur de Porto-Novo: futures décharges d’ordures à ciel ouvert ou nouveaux lieux de vie et d’équilibre, porteurs de richesses et d’imaginaire, témoins des relations attentives et fécondes entre les hommes et la nature depuis la fondation de la ville? »

 

La problématique urbaine retenue pour la session 2012 des Ateliers Ouest Africains d’urbanisme de Porto-Novo est la suivante :

« Ecosystème et Développement urbain : Préservation, protection, aménagement et valorisation des zones de dépression dans la Ville de Porto-Novo »

Considérés auparavant comme des bras de la lagune qui avaient pénétré le « continent », les vallons irriguaient la ville en eau douce sur plusieurs kilomètres. Mais l’ensablement, le comblement en partie par des déchets solides, et la pression urbaine les ont réduits considérablement.

L’explosion démographique, avec pour corollaire une urbanisation galopante et agressive, a conduit à la réduction de ces espaces naturels humides, véritables poumons verts de la ville, en de simples exutoires.

Comment préserver, protéger, aménager et valoriser les différentes dépressions de Porto-Novo (Zounvi, Donoukin, Boué) et en faire d’une part des zones écologiques intégrées et d’autre part des zones agricoles, touristiques et de loisirs ?

En parallèle de la question urbaine posée aux urbanistes portant sur des espaces naturels toujours présents au cœur de la ville, témoins des relations privilégiées entre les hommes et l’environnement naturel qui les a accueillis,  il est proposé aux artistes, dans le cadre du cycle d’art contemporain, de visiter la question posée aux urbanistes de manière décalée.

Le royaume de Porto-Novo est le terreau où les cultures Yoruba et Adja se sont mutuellement fécondées pour donner naissance au culte vaudou, bien avant que les chemins de douleur de l’esclavage n’implantent ce nouveau culte au Brésil et aux Caraïbes. Ces deux foyers culturels, enrichis dès la fin du XVIIIème siècle par les greffes culturelles portugaises et sud américaines importées par les esclaves affranchis venus du Brésil, ont forgé au fil des siècles les valeurs essentielles de la ville, sources de son patrimoine matériel, immatériel et de sa forte identité. Porto-Novo est ainsi, depuis son origine, un creuset cultuel et culturel d’une grande vitalité où foisonne aujourd’hui une expression artistique contemporaine exceptionnellement riche, composante bien vivante de son identité et atout essentiel  pour la pérennisation et le renouveau de son patrimoine immatériel.

Pour élaborer un nouveau projet de ville résolument tourné vers l’avenir mais également porteur des valeurs patrimoniales et de l’identité de la cité, la participation des artistes à la réflexion urbaine est essentielle : leur rôle est de proposer leur propre vision de l’avenir de la ville et, par leur créativité, de contribuer à faire sens dans les projets d’aménagement en maintenant l’ancrage des valeurs et cultures du territoire dans l’imaginaire urbain. Ils ont pour mission d’interpeller les urbanistes sur les enjeux de la cité, d’interroger leurs certitudes professionnelles en leur apportant un regard décalé sur la ville, ses cultures et la vie de ses habitants, en révélant ses dimensions furtives, secrètes et les signes de l’espace existentiel que l’homme y a créé depuis l’aube des temps.

C’est dans ce but que les Ateliers Ouest Africains d’Urbanisme ont décidé d’associer de nombreux artistes plasticiens de la ville à leurs sessions en leur demandant de réaliser en amont des œuvres sur un thème choisi en fonction de la problématique urbaine étudiée, afin d’échanger avec les urbanistes dès le début de leur travail de conception, puis de contribuer aux débats et aux forums d’échanges organisés pendant les sessions.

Pourquoi un cycle d’art contemporain sur le thème « Porto-Novo : mutations urbaines et nouvelles figures du sacré »

Porto-Novo, comme beaucoup de grandes villes côtières africaines, est destinée à connaître dans les années à venir un fort développement et un bouleversement de ses structures sociales, économiques et spatiales, portés par la dynamique économique amorcée par le continent africain et par la mondialisation des échanges, nouvelle donne de la conjoncture internationale dont la capitale du Bénin ne peut rester à l’écart.

La politique récente de décentralisation adoptée par le Bénin donne à la ville l’opportunité de choisir et de prendre en main son avenir en anticipant et en se préparant aux profondes mutations urbaines de demain, dont certaines prémices sont déjà perceptibles.

Ces bouleversements ne se limiteront pas à la modernisation et à l’aménagement de la cité mais concerneront tous les aspects de la société urbaine: transformations de la vie quotidienne des habitants, tensions entre tradition et mondialisation, évolution du rêve et de l’imaginaire urbain des Porto-noviens, dynamisme créé par les nouveaux flux économiques et l’arrivée de nouveaux habitants, remises en question des cultes et cultures traditionnelles…

D’une part ces mutations à venir génèrent des interrogations, des doutes et des craintes, communes à toutes les grandes villes contemporaines au nord comme au sud : incertitude de l’avenir et pertes de repères, chômage, nouvelle pauvreté, concentrations humaines et saturation des transports, quartiers insalubres, insécurité, pollution, destruction de l’environnement, changement climatique…

D’autre part elles peuvent aussi être synonymes d’avenir meilleur en s’appuyant sur les valeurs des sociétés africaines – familiales, collectives, religieuses, culturelles…-  pour promouvoir une voie originale de développement urbain dynamique permettant à tous de vivre mieux et en harmonie, grâce à la tolérance et au respect des cultures et croyances des différentes communautés, dans un environnement urbain où l’homme aura su préserver une place à la nature et conserver une relation privilégiée avec elle.

Porto-Novo est une cité où le sacré et ses représentations sont omniprésents, dans la vie quotidienne de ses habitants comme dans les fêtes traditionnelles, dans des lieux secrets réservés aux initiés comme sur de nombreuses places publiques, dans les forêts sacrés résiduelles comme dans les bâtiments cultuels : temples vaudous, églises, mosquées…

Cette omniprésence du sacré est une des caractéristiques du patrimoine immatériel vivant de Porto-Novo et est consubstancielle à l’identité de la ville.

Les profondes mutations urbaines à venir vont nécessairement engendrer de nouvelles représentations, de nouvelles figures du sacré et donc générer de nouvelles expressions artistiques.

C’est l’ensemble de ces champs de mutation, de ces interrogations, de ces mises en tension et de ces nouvelles perspectives qu’il est proposé aux artistes de visiter à travers le cycle :

«  Porto-Novo : mutations urbaines et nouvelles figures du sacré »
Pour voir les œuvres exposées consulter www.ouadada.com/rubriques/expositions